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Les « coussins » vivants d’Oleg Voukolov

jeudi 2 août 2012, par xax

Colorés, chatoyants, coussins, tapisseries, châles sont pour nous des objets aussi ordinaires que familiers ; ils évoquent intérieur, divans, les amateurs de rêves exotiques rêveraient d’odalisques. Mais qui diable songerait à leur prêter un langage humaniste ? Qui songerait à voir en eux des symboles… symboles de quoi ?

Etranglements et volupté

La galerie Luba présente, jusqu’au 16 décembre une exposition peu ordinaire. Les tableaux, huiles sur toiles et graphismes du peintre russe Oleg Voukolov. A l’entrée, on peut être surpris des coussins, des coussins encore, des coussins toujours. Une tresse de coussins et de châles, déchirure de couleurs au travers d’un tapis neigeux. Des coussins tentent de se frayer un chemin au travers d’une palissade rongée, délabrée. Des coussins étroitement ficelés, jusqu’à la strangulation. Plus loin, des coussins épars d’où émergent un visage de femme, des genoux féminins, une main fine : image de volupté, contraste avec les précédentes. De tout cela se dégage, avec une dominante de noirs, de gris, de blancs, de rouges, une impression d’harmonie aussi bien dans l’expression d’une violence certaine que dans la douceur d’un bien-être voluptueux. Au premier niveau, c’est ce que l’observateur peut appréhender.

« Pour moi le manque de liberté c’est capital »

L’artiste veut nous introduire dans un univers où les coussins deviennent symboles, les tissus, paroles. Les douleurs, colère ou joie. Ancien soviétique, longtemps assujetti à la pesanteur d’un régime qui ne tolérait l’art que dans la mesure où il rendait compte de l’idéologie d’Etat, il peut enfin donner libre cours à… quoi ? Laissons-le nous expliquer : « La répression, des années durant, dans mon pays… Les peintres ne pouvaient pas s’exprimer. Pour moi, le manque de liberté c’est capital. Ce manque de liberté que j’ai vécu, dont j’ai souffert, je le montre. J’ai du exécuter beaucoup de portraits de gens importants : il fallait bien se nourrir ! Ce travail que je présente ici n’aurait pas été toléré, j’étouffais ! Je peux enfin exhaler tout ce que j’ai refoulé en moi, si longtemps ! »
Oui, mais pourquoi des coussins ?
« Un coussin, c’est une très belle forme, très intéressante par sa sensualité, par sa plasticité ». Ainsi, ce paquet de coussins étroitement ficelés, ces coussins qui semblent crier derrière cette palissade, autant de symboles d’une humanité étranglée, enserrée, enfermée. Cette tresse de tissus colorés qui déchire la page où elle semble avoir été abandonnée, « c’est une tragédie provoquée par des hommes » Il faut savoir que « le blanc, le rouge, le noir sont des couleurs russes traditionnelles ». Le peintre travaille à Moscou où il vit avec ces trois couleurs.

S’il travaille à Moscou, l’hiver venu il rejoint la Provence, à Forcalquier. Il aime cette Provence où il a l’impression de vivre une seconde naissance. Le peintre est sollicité par des musées allemands, anglais, jusqu’aux Etats-Unis. Oleg Voukolov participe à une association qui organise des échanges entre peintres russes et français, allant à tour de rôle découvrir l’art de l’autre. Une Europe de l’art qui n’a rien à voir avec l’austérité européenne de nos politiques (…)
Benjamin ZARKA

Portfolio

  • Vernissage 2010 Expo personel Oleg a forcalquier

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